L’importance des références dans la transmission de la science



L’imam ۶Abd Allah ibn Al-Mubârak (رحمه الله) a dit : « La chaîne de transmission fait parti de la religion, et s’il n’y avait pas la chaîne de transmission, n’importe qui aurait pu dire ce qu’il souhaite … » (1)

Malheureusement, malgré les nombreux textes religieux du Qur’ân et de la Sunnah [authentique] et les paroles des savants anciens et contemporains, ces règles fondamentales et importantes du manhaj, à savoir : s’assurer des qualifications de l’individu de qui l’on souhaite prendre la science et aussi de l’authenticité des informations que l’on transmet, sont de plus en plus négligées de nos jours. Particulièrement, avec internet, les groupes WhatsApp, les comptes Twitter, Telegram, Facebook, et autres, qui ont aisément donné la possibilité à des inconnu(e)s ne satisfaisant pas aux critères fixés pour la prédication, de prendre part à celle-ci.

Effectivement, souhaitant participer et récolter la récompense de la propagation, et se connaissant des aptitudes artistiques, littéraires, ou autres, de nombreuses personnes ouvrent chaque jours de nouveaux sites et comptes “ de rappel ’’. Sans accorder aucune importance aux précieuses paroles des savants [anciens et contemporains] à propos des caractéristiques à réunir pour prendre cette lourde responsabilité. ۶Abd Allah ibn Mas۶ûd (رضي الله عنه) a dit : « Combien de ceux souhaitant le bien ne l’atteignent jamais ! » (2)

D’ailleurs, les innombrables erreurs de traduction et autres démontrent à elles seules le manque de qualification religieuse et l’insuffisance de connaissance scientifique des personnes derrière ces sites et comptes “ de rappel ’’. Comme cet essai de traduction de la parole de l’imam ibn Al-Qayyim (رحمه الله) : « Les habitants de cette terre sont tous plongés dans les ténèbres de l’ignorance et de l’égarement … Sauf ceux que la lumière du Prophète éclaire » (3). Alors qu’il (رحمه الله) a en réalité dit : « … Sauf ceux éclairés par la lumière de la Prophétie » (4) (5)

Ou encore celui de cette parole de Cheikh ibn ۶Uthaymîn (رحمه الله) : « Mais celui qui retarde la prière sans excuse, alors celle-ci n’est pas valide, même s’il l’accomplit mille fois. Celui qui délaisse la prière et ne l’accomplit pas en son heure, elle ne lui sera d’aucune utilité (s’il l’accomplit après) et il ne libèrera pas sa conscience ainsi s’il l’a délaissé sans aucune excuse, et ce, même s’il l’accomplit mille fois … » (6). Alors qu’il (رحمه الله) a en fait dit : « … et cela ne désengage pas sa responsabilité religieuse s’il l’a délaissé sans aucune excuse, et ce, même s’il l’accomplit mille fois … » (7) (8)

Aussi, la gravité de ce fléau ne fait que s’accentuer lorsque des personnes aimant la Sunnah et désirant apprendre leur religion se font tristement duper par les belles appellations et biographies inspirants confiance de ces sites et comptes “ de rappel ’’. Effectivement, voyant qu’ils portent le nom d’un Imam célèbre, d’un Cheikh connu ou les termes : « Sunnah », « manhaj », « salaf », « sahabî », « salafî », « selon le Qur’ân et la Sunnah avec la compréhension des pieux prédécesseurs », et autres, ils pensent que les individus qui sont derrière sont forcément de confiance et qualifié(e)s. Ils s’y abonnent alors, prennent leur science de ces sites et comptes “ de rappel ’’ et transmettent. Oubliant ou négligeant l’impérativité de se renseigner scrupuleusement sur l’identité et les qualifications des personnes qui sont derrière. L’imam Muhammed Ibn Sîrîn (رحمه الله) a dit : « Certes, cette science est une religion ; regardez donc de qui vous prenez votre religion » (9)

D’ailleurs, lorsqu’on observe un temps soit peu les travaux de nombreux de ces sites et comptes “ de rappel ’’ on s’aperçoit rapidement que les qualifications religieuses et scientifiques des personnes qui sont derrière ne sont pas suffisantes pour prétendre à de telles responsabilités. En effet, en plus de certaines de leurs lacunes et incompétences [précédemment démontrées], beaucoup d’entres eux piochent les paroles de savants et les leçons qu’ils partagent, dans des groupes similaires au leur, et de la même manière que celle susmentionnée. C’est-à-dire, en se basant sur le fait que les sites et comptes “ de rappel ’’ [d’où ils tirent les paroles de savants et les leçons] portent le nom d’un Imam célèbre, d’un Cheikh connu ou les termes inspirants confiances, tels que : « Sunnah », « manhaj », « salaf », « sahabî », « salafî », « selon le Qur’ân et la Sunnah avec la compréhension des pieux prédécesseurs », et autres. Néanmoins, ils ne connaissent rien de l’identité des individus qui sont derrière et ni même leurs qualifications. Pire, ils transmettent sans même avoir vérifier les sources mères et l’authenticité des dires. Cheikh Al-Islâm ibn Taymiyyah (رحمه الله) a dit : « D’après l’accord [des gens de science] il n’est pas permis d’arguer quelque chose dont on ne s’est pas assuré de l’authenticité, car c’est une allégation sans connaissance et c’est interdit selon le Qur’ân, la Sunnah et l’unanimité [des gens de science] … » (10)

Il ne faut donc pas se laisser berner par ces belles appellations et biographies au vocabulaire inspirant confiance. De même qu’il ne faut pas se laisser tromper par  les prétendues références mentionnées en marge. Tout cela n’est pas gage de garantie !

Voyez par exemple cette parole partagée sur de nombreux sites et comptes “ de rappel ’’ en l’affiliant faussement à l’imam ibn Al-Jawzî (رحمه الله) et en allant jusqu’à précisé la source de celle-ci [« sifah as-safwah » (T : 2 / P : 473)] : « Si le musulman ne termine pas la récitation complète du Qur’ân pendant Ramadhân, le mois du Qur’ân, alors il ne la terminera jamais le reste de l’année, si ce n’est avec la permission d’Allah. Aussi, le fait de ne pas la terminer est un avilissement nécessitant d’invoquer sans cesse [Allah] de dissiper ce ressentiment et d’ôter cette indolence du cœur » (11). Alors que cette parole n’est pas du tout de lui (رحمه الله).

Ou encore celle-ci, affiliée mensongèrement au grand savant du hadith Cheikh Al-Albânî (رحمه الله) en précisant même la référence : « Ceci est un commentaire de Chaykh Al Albaany sur le Hadith numéro 1173 dans [Assilsila Assahiha] qui est rapporté par Abou Abdirrahman Assoulamiy selon Outhmaan Ibn Affaaan que le prophète () a dit : « Le meilleur d’entre vous est celui qui apprend le Coran et l’enseigne ». Il (رحمه الله) a dit : Le Hadith nous indique d’apprendre le Coran, et que le meilleur des enseignants est celui qui enseigne le Coran, et que la meilleure chose que l’individu pourrait apprendre c’est le Coran. Si seulement les étudiants en sciences islamiques savaient cela, car ça contient un grand bienfait. Et parmi les mauvaises choses qui se sont propagées dans notre époque il y a le fait qu’on trouve beaucoup de ( Douaat ) (les gens qui appellent à Allah) ainsi que les débutants parmi les étudiants en sciences islamiques, on les trouve au premier rang de la Daawa, et les premiers à faire des fatawas et a répondre aux questions des gens sauf qu’ils ne savent même pas lire la fatiha et la prononcer correctement. On trouve l’un d’eux prononcer [Assin] [Dhaaad] et [Attaaa] [ Taaaa] et[Athaaal ] [Zaaay] et [Athaaa] [Siiiin] et ils prononcent mal les mots. Et ce qui est obligatoire logiquement pour une telle personne c’est qu’elle doit citer du Coran ce qu’elle a appris par coeur, afin qu’il lui soit facile de mentionner les versets pour prouver ce qu’elle avance comme arguments dans sa Daawa, ses rappels et ses cours. Et tu le vois s’occuper de l’authentification et l’in-authentification des textes, et à faire des commentaires sur les savants et à juger entre les savants, et tu entends de lui des paroles qui sont plus grandes que lu. Tu l’entends dire :  » je vois, je dis, et je dis dans cette question ceci, et l’avis le plus fort pour moi est ceci … ». Et ce qui est étrange c’est que tu ne vois pas ces gens là parler sur les questions sur lesquelles les savants se sont mis d’accord La plupart – sauf ceux à qui Allah a fait miséricorde – parlent des questions de divergences. On trouve l’un d’eux donner son avis dessus, et juger, même si c’est difficile pour lui ! Je demande refuge auprès d’Allah, de l’ostentation et de l’envie d’avoir une réputation et d’être célèbre ! Et je me conseille en premier, et je conseille ces gens là en second, que la meilleure chose que l’étudiant de sciences islamiques doit faire en premier c’est l’apprentissage du Coran par coeur car Allah dit :  » Rappelle donc, par le Coran celui qui craint Ma menace  » (50/45) … » (12). Alors que Cheikh Al-Albânî (رحمه الله) n’a jamais dit cette parole ! Ni à la référence mentionnée, ni nulle part ailleurs.

Il ne faut donc pas transmettre sans même vérifier les sources mères et l’authenticité des dires au préalable. Sauf, dans le cas où le compte dans lesquels ils sont puisés est officiellement celui d’un savant, d’un étudiant, d’un prédicateur ou d’une personne dont l’identité est connue et dont l’attachement à la voie des salafs, la vigilance et les compétences pour ce à quoi elle s’adonne sont établies. Muhammed ibn Hâtim ibn Al-Muthaffîr (رحمه الله) a dit : « Allah a distingué, honoré et favorisé cette communauté avec la chaîne de transmission, et aucune de toutes les nations anciennes et contemporaines n’a de chaîne de narrateurs, mais ce sont des feuillets qu’ils ont entre leurs mains. Ils ont mélangé leurs histoires à leurs livres, et ils n’y a chez eux aucune distinction entre ce qui a été révélé de la Torah et l’Évangile et ce que leurs Prophètes leur ont rapporté, ni des récits qu’ils ont entendu, [eux-mêmes] ajouté à leur livre. Aussi, cette communauté ne notifie que les hadith rapportés de personnes de confiance connues à leur époque pour la véracité et l’honnêteté et transmettant de narrateurs dotés des mêmes caractéristiques, et cela jusqu’à la fin [de la chaîne de transmission] de leurs récits […] Ceci est donc l’une des plus immenses grâces d’Allah () à l’égard de cette communauté … »(13)

Il faut faire attention à ne pas être l’un des maillons d’une chaîne de transmission erronée ou infondée. Il faut se rappeler la lourde responsabilité de transmettre, sur laquelle, on devra rendre des comptes le jour de la résurrection. Le Messager d’Allah () a dit : « Celui qui montre un bien a la même récompense que celui qui l’a fait, sans que leurs récompenses (respectives) soient pour autant diminuées. Et celui qui montre un égarement aura le péché de celui qui le suivra, sans que leurs péchés (respectifs) soient pour autant diminués » (14)

Il faut prendre garde à ces sites et ces comptes “ de rappel ’’ dont on ignore tout des personnes qui sont derrière et de leur qualification, et ne pas se laisser abuser par leurs belles appellations et biographies au vocabulaire inspirant confiance. Il ne faut pas prendre les traductions non signées, dont on ignore l’identité du traducteur et ne sait rien de ses qualifications religieuses et ses connaissances scientifiques.

Il faut être vigilant et mettre en application ces règles fondamentales et importantes du manhaj. Il faut s’abonner, puiser sa science, et transmettre seulement des comptes officiels des savants, des étudiants, des prédicateurs et des personnes à l’identité connue et dont l’attachement à la voie des salafs, la vigilance à vérifier les sources et les qualifications pour ce à quoi elles s’adonnent sont établies.

Demandant à Allah () de nous accorder la connaissance, le suivi, et la pratique de la Sunnah authentique de notre Prophète Muhammed ().

Écrit par :

Abû ۶Abd Ar-Rahmân ۶Âdil ibn ۶AbdiLlah As-SiqilîpastedGraphic.png

1 :  Rapporté dans la préface de l’authentique de l’imam Muslim (T : 1 / P : 316 / n°: 28) – édition « Dar At-Ta’sîl »

2 : Rapporté par Ad-Dârimî (T : 1 / P : 297 / n°: 212) – édition « Dar At-Ta’sîl ». Le hadith a été qualifié de « authentique » par Cheikh Al-Albânî (رحمه الله) dans « silsilah al-ahâdîth as-sahîhah » ( T : 5 / P : 11 / n°: 2005).

3 : Version de la chaîne d’où a été prise cette traduction.

4 : Traduction assurée par nos soins.

5 : Voir « hidâyah al-hayârâ fî ajwibah al-yahûd wa an-nasârâ » (P : 448)

6 : Version de la chaîne d’où a été prise cette traduction.

7 : Traduction assurée par nos soins.

8 : Voir « fiqh al-۶ibâdât » (n° : 88)

9 : Rapporté dans la préface de l’authentique de l’imam Muslim (T : 1 / P : 315 / n°: 23) – édition « Dar At-Ta’sîl »

10 : Voir « minhâj as-sunnah an-nabawiyyah fî naqdhi kalâm as-shî۶ah al-qadariyyah » (T : 7 / P : 167 – 168)

11 : Traduction assurée par nos soins.

12 : Ceci est la version partagée sur les sites internet et comptes “ de rappel ’’. Nous avons seulement apporté quelques modifications pour plus de compréhension.

13 : Voir « sharaf ashâb al-hadîth » (P : 316 / n°: 28)

14 : Rapporté dans l’authentique de l’imam Muslim (T : 5 / P : 218 / n°: 1944) – édition « Dar At-Ta’sîl », selon Abû Mas۶ûd (رضي الله عنه).