﷽
Parmi les paroles erronées qu’on entend souvent et qui sont faussement attribuées au Prophète ﷺ il y a celle que beaucoup d’imams disent avant de commencer la prière, à savoir : « Certes, Allah ne regarde pas les rangs mal alignés ! »
Nul doute que le mauvais alignement des rangs est contraire à l’ordre et la pratique du Prophète ﷺ de les aligner correctement avant d’entrer en prière. Le Prophète ﷺ a dit : « … Ne laissez pas d’espaces à Shaytān [où il passerait entre vous]. » (1)
Aussi, l’ordre du Prophète ﷺ d’aligner correctement les rangs a été cité dans de nombreux hadith authentiques, tel que celui dans lequel Anas ibn Mālik رضي الله عنه a rapporté que le Prophète ﷺ a dit : « Alignez bien vos rangs, car le bon ajustement des rangs contribue à la perfection de la prière. » (2)
Voilà, entre autre, ce que le Prophète ﷺ disait pour commander l’alignement des rangs.
Et Al-Barā’ ibn ۶Āzib رضي الله عنه a rapporté que le Prophète ﷺ passait en revue les rangs d’un côté à l’autre en glissant sa main sur les poitrines et les épaules [afin de voir si elles étaient bien alignées] … (3). Et lorsqu’une fois le Prophète ﷺ répéta à trois reprises : « Ajustez vos rangs. », puis qu’il ﷺ conclu en disant : « Par Allah ! Ou vous alignez [correctement] vos rangs, ou Allah éveillera la discorde dans vos cœurs. », An-Nu۶mān ibn Bāshīr رضي الله عنه a dit : « J’ai vu chacun de nous, en rang, coller son épaule à celle de son voisin, son genou au sien et sa cheville contre la sienne. » (4)
Voilà donc comment le Prophète ﷺ passait dans les rangs pour vérifier qu’ils étaient bien alignés. Aussi, ils n’étaient considérés comme tel que lorsque les épaules et les poitrines des prieurs étaient toutes alignées, et que leurs genoux et leurs chevilles étaient collés avec ceux de leurs voisins.
Par contre, le fait de dire « Certes, Allah ne regarde pas les rangs mal alignés ! » avant la prière n’a aucune origine dans la religion (5). Ce n’est ni un hadith du Prophète ﷺ, ni la parole d’un de ses compagnons رضي الله عنهم, ni même celle d’un imam ancien ou contemporain. Il est d’ailleurs fortement probable que cette parole soit récente, étant donné qu’aucun des recueils des imams anciens compilants les hadiths mensongèrement attribués au Prophète ﷺ ne le répertorient. C’est pourquoi, lorsque Cheikh Ibn ۶Uthaymīn رحمه الله a été questionné sur l’authenticité de ce hadith, il a répondu : « … après l’avoir longuement cherché [dans les livres] je ne l’ai pas trouvé affilié au Prophète ﷺ. C’est pourquoi il n’est pas permis de dire cela, « Certes, Allah ne regarde pas les rangs mal alignés ! » … »(6)
De ce fait, il incombe aux imams d’arrêter de dire cette parole avant de commencer la prière. Ils doivent plutôt s’attacher à la Sunnah du Prophète ﷺ en utilisant les termes et la méthode rapportés authentiquement du Messager d’Allah ﷺ concernant l’alignement des rangs.
Et Allah ﷻ est plus Savant et nous Lui demandons de nous accorder la connaissance, le suivi et la pratique de la Sunnah [authentique] de Son Prophète Muhammed ﷺ et de nous compter parmi ceux à propos desquels le Messager d’Allah ﷺ a dit « Celui qui montre un bien a la même récompense que celui qui l’a fait »(7)
Écrit par :
Abū ۶Abd Ar-Rahmān ۶Ādil ibn ۶AbdiLlah As-Siqilī
Ce hadith a été authentifié par plusieurs savants du hadith, tel que Cheikh Al-Albānī رحمه الله dans « silsilah al-‘ahādīth as-sahīhah » (T : 2 / P : 158 / n°: 743) et « sahīh sunan abį dāwud » (T : 3 / P : 243 / n°: 672).
2 : Rapporté par Al-Bukhārī (T : 1 / P : 646 / n°: 732) – édition « Dar At-Ta’sīl » – et Muslim (T : 2 / P : 187 / n°: 427) – édition « Dar At-Ta’sīl » –.
3 : Rapporté par At-Tayālisī (T : 2 / P : 105 / n°: 777), ۶Abd Ar-Razzāq (T : 2 / P : 145 / n°: 2450) – édition « Dar At-Ta’sīl » –, Ahmed (T : 30 / P : 479 / n°: 18516), (T : 30 / P : 482 / n°: 18518) – édition « Mu’ssasat Ar-Risālat » – et Al-Hākim (T : 6 / P : 422 / n°: 6424) – édition « Dar At-Ta’sīl » –, Abū Dāwud (T : 2 / P : 490 / n°: 660) – édition « Dar At-Ta’sīl » –, An-Nasā’ī (T : 2 / P : 262 / n°: 823) – édition « Dar At-Ta’sīl » – et dans « al-kubrā » (T : 3 / P : 81 / n°: 972) – édition « Dar At-Ta’sīl » –, Ibn Al-Jārud (T : 1 / P : 190 / n°: 321) – édition « Dar At-Ta’sīl » –, Ibn Khuzaymah (T : 3 / P : 72 / n°: 1551), (T : 3 / P : 73 / n°: 1552), et (T : 3 / P : 75 / n°: 1556 – 1557) – édition « Al-Maymān » –, At-Tabarānī dans « al-‘awsat » (T : 3 / P : 92 / n°: 2590) et (T : 7 / P : 177 / n°: 7206) et dans « musnad as-shāmiyyīn » (P : 435 / n°: 767), Ibn Hibbān (T : 3 / P : 229 / n°: 2156) et (T : 3 / P : 231 / n°: 2160) – édition « Dar At-Ta’sīl » –, Al-Hākim (T : 3 / P : 151 / n°: 2144) – édition « Dar At-Ta’sīl » –, Al-Bayhaqī (T : 3 / P : 103 / n°: 5262) et Al-Baghawī (T : 3 / P : 373 / n°: 818).
Ce hadith a été authentifié par plusieurs savants du hadith, tel que Cheikh Al-Albānī رحمه الله dans « sahīh sunan abį dāwud » (T : 3 / P : 240 / n°: 670).
4 : Rapporté par Al-Bukhārī (T : 1 / P : 646) – édition « Dar At-Ta’sīl » –, Abū Dāwud (T : 2 / P : 489 / n°: 658) – édition « Dar At-Ta’sīl » – et Al-Bayhaqī (T : 3 / P : 100 / n°: 5249).Ce hadith a été authentifié par plusieurs savants du hadith, tel que Cheikh Al-Albānī رحمه الله dans « sahīh sunan abį dāwud » (T : 3 / P : 236 / n°: 668).
5 : Voir « ‘ahādīth muntashirah lam tathbut fī al-۶aqīdah wa al-۶ibadāt wa as-sulūk » (P : 303 / n°: 160).
6 : Voir : https://youtu.be/fFMPpuiXQoY7 : Rapporté par Muslim (T : 5 / P : 218 / n°: 1944) – édition « Dar At-Ta’sīl » –, selon Abū Mas۶ūd رضي الله عنه